Jean Pierre-Bloch – De tous les combats
Il y a bientôt 120 ans, le 14 avril 1905, naissait à Paris Jean Pierre-Bloch.
A l’occasion de cet anniversaire, j’ai ressenti la nécessité de consacrer un ouvrage à ce Français exemplaire que j’ai eu l’honneur de connaitre.
Sa vie constitue une véritable épopée qui se conjugue avec l’histoire du XX ème siècle. Pierre-Bloch fut homme de plume, homme politique, combattant puis résistant pendant la deuxième Guerre mondiale, compagnon du général de Gaulle dont il fut le ministre et un militant engagé pour les droits de l’homme.
Journaliste au Populaire, le quotidien dirigé par Léon Blum, Pierre-Bloch entre en politique et devient député de l’Aisne sous le Front populaire. Il s’implique dans la situation en Algérie dont sa mère est originaire. En 1938, il combat les accords de Munich. Quand éclate la guerre, il abandonne la politique et part au front. Mais il est fait prisonnier par les Allemands lors de la débâcle de 1940. Il s’échappe une première fois d’un camp et organise en Dordogne le premier parachutage de soldats britanniques. Capturé à deux autres reprises, il parvient à rejoindre le chef de la France libre à Londres qui lui confie le service politique du BCRA, le contre-espionnage. Quand Alger est libéré, De Gaulle nomme à Pierre-Bloch au poste de secrétaire d’Etat à l’intérieur dans son gouvernement provisoire. En 1945, il fait partie des jurés au procès Pétain au titre des parlementaires résistants. Avec d’autres grands noms, il fonde le Comité d’action de la résistance dont le but est de lutter contre les falsifications de la toute récente histoire de la guerre.
Le gouvernement confie en 1946 à Pierre-Bloch une mission difficile : réorganiser la presse. Il préside pour cela pendant sept ans la SNEP, la Société nationale des entreprises de presse. Par la suite, il est chargé de l’amélioration des relations judéo-chrétiennes et organise la rencontre fondamentale entre le pape Jean XXIII et l’historien Jules Isaac. En 1968, il succède à Bernard Lecache à la présidence de la Lica, qui deviendra plus tard la Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Pierre-Bloch mène de nombreux combats contre la haine, entouré de militants de premier plan dont Joséphine Baker et Robert Badinter. Il est le premier à soutenir Beate et Serge Klarsfeld dans leur poursuite d’anciens nazis. En 1987, il devient président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme auprès du Premier ministre.
De nombreuses personnalités des milieux les plus divers ont leurs ronds de serviette chez Pierre-Bloch dont l’hospitalité et l’humour sont unaniment appréciés : Pierre Mendès France et François Mitterrand qu’il réconcilie, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan qui viennent chercher du réconfort auprès de lui, Marcel Dassault et tant d’autres.
Le 17 mars 1999, Jean Pierre-Bloch s’éteint à l’âge de 95 ans, lui qui avait promis de se battre jusqu’au dernier jour.